- DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine)
- DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine)DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE, ChineBien des questions demeurent sans réponse en ce qui concerne la spécificité des mécanismes démographiques en Chine. Cette incertitude tient essentiellement à la nature de notre documentation. La principale source d’information est constituée, en effet, par un corpus de recensements — dénombrements nationaux ou comptages partiels précisant, dans les meilleurs cas, la distribution par provinces et par préfectures —, à l’exclusion presque totale de tout document d’état civil pouvant se prêter à une reconstitution de la structure de la population par âge et par sexe. Des éléments d’information sont fournis par l’archéologie (population de quelques cimetières) et par la littérature (recueils biographiques et généalogies).Comment l’État a-t-il contrôlé sa démographie au cours de l’histoire de la Chine? Les souverains de l’Antiquité ont surtout cherché à connaître le nombre de conscrits et de corvéables susceptibles d’être levés sur leurs territoires. Des tentatives pour estimer la population totale ont été faites sous la dynastie des Han (\DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine) 206-220) en vue d’établir l’assiette de la capitation. Les recensements ont continué à jouer un rôle important dans la pratique administrative jusque vers 750, en relation avec l’institution d’un système foncier (juntian , «égalisation des terres») liant la fiscalité à des distributions de terres proportionnelles à la taille des familles.La mise en application, à partir de 780, de la réforme de l’«impôt double», qui a mis fin aux redistributions et qui a fait porter les charges fiscales par les terres enregistrées, eut pour effet direct d’enlever toute signification aux recensements. Du IXe au XVIIIe siècle, l’administration ne recensa qu’une population fiscale, dont la taille ne coïncidait qu’exceptionnellement avec la population réelle. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que, préoccupés par les conséquences de la révolution démographique qui fait doubler la population en moins d’un siècle, les dirigeants chinois généralisèrent l’enregistrement de leurs sujets dans le cadre des baojia (sorte de milice). Ce nouveau système de recensement demeura en vigueur une centaine d’années seulement, de 1741 à 1850.Il est possible de reconstituer la tendance générale de l’évolution démographique chinoise à condition de tenir constamment compte des facteurs de distorsion introduits par le changement des méthodes d’enregistrement.Jusqu’au début du \DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine) Ier millénaire, la Chine vit sur l’acquis de la révolution néolithique (\DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine) IVe-\DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine) IIIe millénaires). La population, qui dépasse probablement les dix millions, est concentrée dans le bassin du fleuve Jaune (Huanghe). Une nette poussée a lieu dans le nord-ouest du pays à partir du \DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine) VIIe ou du \DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine) VIe siècle, en relation avec la diffusion du fer et la substitution de l’araire, tirée par des bovins au travail, à la bêche. La hausse des rendements agricoles permet une multiplication des hommes, dont le nombre passe, en \DÉMOGRAPHIE HISTORIQUE (Chine) 2, à une soixantaine de millions, sur un territoire plus vaste, il est vrai, que le domaine de l’agriculture néolithique. Le pays semble connaître par la suite une longue période de stagnation, en dépit des progrès réalisés dans le Sud grâce à la colonisation du bassin du fleuve Bleu (Yangzijiang). À l’apogée des Tang (VII-VIIIe s.), la Chine ne compterait guère plus d’une cinquantaine de millions d’habitants. Une nouvelle phase d’expansion est à mettre en rapport avec le glissement vers le sud du centre de gravité économique (généralisation des techniques d’irrigation et de repiquage du riz, essor du commerce maritime et développement de grands centres de production artisanale). Au début du XIIIe siècle, le territoire chinois serait peuplé par environ 120 millions d’habitants, dont une cinquantaine de millions seraient installés dans la partie inférieure du bassin du Yangzijiang. Les invasions, et plus spécialement la conquête mongole (1276), mettent un terme à cette croissance. Au moment de la restauration nationale des Ming (1368), le pays ne compterait plus que 70 à 80 millions de sujets. Les conséquences de l’occupation mongole sont particulièrement graves dans le Nord, où le gouvernement Ming doit mener une politique de colonisation agricole. On suit mal, en raison du caractère exclusivement fiscal des recensements, l’évolution démographique des XVIe et XVIIe siècles. Il semble toutefois que, malgré les troubles qui accompagnent la chute des Ming et la conquête du pays par les Mandchous en 1644, la Chine n’ait pas connu de récession semblable à celle du XIVe siècle. Le XVIIIe siècle, en tout cas, est caractérisé par une très forte expansion qui porterait la population totale de 150 millions vers 1700 à 300 millions en 1800. En dépit d’une intensification de l’agriculture et d’une diffusion des plantes américaines (maïs, patate douce et arachide) d’une part, d’une limitation draconienne des naissances de l’autre, la Chine est devenue, avec 1 179 467 000 habitants en 1993, un pays surpeuplé.
Encyclopédie Universelle. 2012.